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Deux passions combinées... mes dessins ! 01
Voici mes dessins sur les Experts... ils sont dans l'ordre où il ont été créés :
- Le premier (Grissom, Catherine et Jim) date du 10/09/05. Il a été réalisé entre deux révisions pour mes rattrapages... il faut bien se changer les idées de temps en temps, ça rentre mieux ;-).
- Le deuxième (Grissom) date du 25/09/05. J'ai commencé par dessiner mon préféré, après celui-là j'avais décidé de faire tous les autres mais comme tu peux le constater...
- Le troisième (Warrick) date du 26/09/05. J'ai continué avec Warrick parce qu'il est métis et que c'est intéressant à travailler en dessin !!
- Le quatrième (l'équipe) date du 28/09/05. Bien je me suis dis que ça serait bien de tous les dessiner, la photo qui a servi à le faire est extraite de l'épisode 1x02.
- Le cinquième (Sara) date du 12/10/05. Ma petite préférée, logique que c'est elle qui suive ;-).
Deux passions combinées... mes dessins ! 02
Suite de mes dessins sur les Experts :
- Le sixième (Grissom) date du 22/11/05. Il est en train de parler à un mort !!!
- Le septième (Sara et Grissom) date du 27/12/05. Il devait y avoir tout le monde normalement, mais je me suis arrêtée là parce que j'aime bien Grissom et Sara "ensemble".
- Le huitième (Sara et Grissom encore ;-), mais cette fois plutôt GSR !) date du 14/01/06... On se demande ce que Grissom est en train de faire, non ? Pour être honnête la scène existe dans les Experts (4x07) mais ils ne sont pas aussi proches.
- Le neuvième (peinture de Grissom) date du 19/02/06 (Bon anniv' Jessy ;-) !!!). J'ai utilisé une technique de peinture apprise au collège !
- Le dixième (le dessin de l'équipé réalisé avec des crayons de couleur) date du 02/05/06.
Et je n'en ai pas fait depuis... c'est par crise alors quand l'envie m'en reprendra, plusieurs viendront compléter la collection !
Vengeances en série
Ce fanfics est une suite possible de Play with fire, l’un des meilleurs épisodes GSR !!! Je pense que la scène finale en a inspiré plus d’un, bonne lecture et n’oubliez pas les commentaires, merci ! Pour écrire ce fanfics, je me suis appuyée sur les épisodes 1x23, 2x23, 3x22, 3x23…
Chapitre 01 : Play with fire
Sara était épuisée de sa semaine, ce soir c’était son jour de congé et elle comptait bien en profiter… Quelques heures auparavant, elle avait échappé à la mort de justesse, d’une explosion accidentelle au laboratoire. Greg avait été plus touché et choqué encore, il était à l’hôpital, lui avait vraiment eu de la chance. Sara ne s’en était sortie qu’avec une entaille profonde à la main, elle aussi pouvait s’estimer chanceuse. Ça aurait pu être bien pire ! Elle passait dans le couloir à côté du laboratoire lorsque ça arriva.
Elle se trouvait dans la salle de repos de l’équipe, en train de manger son sandwich végétarien… Elle pensait à ce moment-là qu’elle était bien seule, même lorsqu’elle mangeait au LVPD. Elle n’aimait pas être seule, surtout pour manger : alors quoi, les autres ne mangeaient pas eux ? Où étaient-ils ? A quelle heure mangeaient-ils ? A quelle heure faisaient-ils leur pause ? Elle ne mangeait pas son sandwich avec envie ou plaisir, seulement parce qu’elle avait faim. Ses pensées se tournèrent comme la plupart du temps vers Grissom, quand mangeait-il lui ? Quand prenait-il le soin de faire une pause ? Elle pensait à lui, elle pensait qu’elle aimerait bien que les choses changent, qu’elles évoluent dans son sens lorsqu’il apparut dans l’embrasure de la porte. Sara n’y pouvait rien, elle était attirée par lui. Lorsqu’elle entendit sa voix, elle ne put s’empêcher de lever la tête et de le regarder : elle le trouvait séduisant, très séduisant même. Elle le regarda de haut en bas, elle aimait le voir très sérieux, très concentré dans son travail. Elle l’admirait pour l’intérêt qu’il portait toujours à ce qu’il entreprenait de faire. Souvent, elle venait le voir à son bureau pour le plaisir de le voir travailler, elle le regardait, appuyée contre le chambranle de la porte ; alors il sentait une présence et relevait la tête. Chaque fois, elle lui souriait, comme pour lui signifier qu’elle aimait le voir comme ça, parce que c’était lui le véritable Grissom, celui qui travaille.
Elle pensait qu’elle pourrait l’inviter à dîner, Elle pensait qu’il était temps qu’elle fasse quelque chose pour faire évoluer les choses entre eux. L’inviter à dîner… ce n’était pas une réflexion soudaine et irréfléchie, non, elle y avait souvent pensé.
Sara le fixait, elle ne le lâchait pas une seule seconde des yeux. Elle se décida alors à agir. Grissom rendit visite à chaque membre de son équipe pour savoir où en était leur avancé dans leurs enquêtes : d’abord Greg, il fallait bien lui mettre un peu la pression. Grissom avait besoin de faire le rapprochement entre sa victime, les lieux du crime et son suspect, la Sainte Trinité de la police scientifique comme il se plaisait à le dire. Sara ralentit alors sa progression, elle voulait le voir seul à seul. Puis ils continuèrent leur chemin vers le bureau de Grissom, elle était à quelques mètres derrière lui sans qu’il s’en rende compte. Bien déterminée à aller jusqu’au bout, elle ne se résigna que parce qu’elle voyait bien qu’il était très occupé et que tout le monde venait le voir. Elle ne put s’empêcher de sourire.
Sur le chemin du retour, elle se disait que tant pis, elle essaierait plus tard, inviter Grissom à dîner avec elle maintenant ne l’avancerait à rien, il refuserait certainement. Elle voulait avoir toutes ses chances, Sara était patiente et elle savait pertinemment qu’une occasion se présenterait d’elle même. Elle était perdue dans ses pensées lorsqu’elle passait à côté du labo où Greg travaillait. C’est alors que l’explosion eut lieu, projetant Greg et Sara violemment sur le sol, Greg plus violemment encore puisqu’il se trouvait juste à côté du point central. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Sara était allongée par terre sur le ventre, elle se demandait ce qu’il s’était passé, elle eut soudain une puissante montée d’adrénaline mais elle était toujours en vie. En face d’elle, lui aussi couché sur le ventre, Greg se demanda lui aussi ce qu’il s’était passé mais perdit rapidement connaissance. L’alarme d’incendie se mit en route et empêcha le feu de se propager.
Sara se remit debout, toute seule et sortit du bâtiment. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait, elle agissait sans réfléchir… Elle n’aurait pas dû bouger normalement, seuls les secours auraient dû lui permettre de le faire si elle n’avait rien. Mais elle ne sentait rien, apparemment elle n’avait rien alors elle ne voyait pas l’utilité de rester là. Elle s’assit sur le rebord du trottoir dehors, tout le monde avait reçu l’ordre de quitter l’immeuble, afin de permettre aux équipes d’urgence de faire leur travail. Pendant que les pompiers inspectaient les lieux, les EMT emmenaient Greg sur une civière, il était le plus gravement blessé. Grissom restait à côté de lui, il pensait qu’il aurait pu perdre un des membres de son équipe. Il s’inquiétait pour lui, pour l’instant la raison de l’explosion lui importait peu, il ne pensait qu’à la santé de ses collègues. Tout le monde regardait Greg se faire emmener dans l’ambulance. Grissom regardait lui aussi la scène, il était impuissant face à cette situation et s’il y avait bien une chose que Grissom avait en horreur, c’était de se sentir inutile !
Personne n’était mort, il n’y avait que quelques blessés dont un assez grave, Greg, mais il allait s’en sortir. Il regardait dans toutes les directions pour constater les dégâts matériels. Là au milieu de la foule et du tohu-bohu, il aperçut Sara, toujours seule, toujours sous le choc, se tenant le poignet, se demandant ce qu’il s’était passé… elle ne pensait qu’au labo, rien qu’au labo. Grissom s’approcha d’elle et s’accroupit pour se mettre à sa hauteur. Il voulait s’assurer que ça allait, dans ce genre de situation tout le monde était déboussolé, lui y compris. Alors il dit une chose qu’il n’aurait pas dit en temps normal, il l’appela « Honey » (N/A : j’aurais bien traduit par « ma puce » personnellement mais bon, l’anglais est mieux, il est plus parlant que le français… et dans la version française, on perdait tout le côté GSR de cette scène…). Sara le regarda, elle avait beau essayer de revenir sur terre, elle était complètement perdue. Elle avait entendu « Honey » mais ne l’avait pas encore enregistré. Grissom prit la main de Sara dans la sienne, afin de mieux regarder la blessure qu’elle avait : une méchante entaille dans la paume. Il demanda alors des secours, afin que l’on emmène soigner Sara, celle-ci s’en défendait, elle ne voulait pas quitter les lieux, elle voulait travailler et… rester avec Grissom. Un ambulancier vint la chercher, Grissom l’aida à se relever, elle n’avait plus d’autre choix que de suivre l’EMT.
Peu après, elle avait repris du service, de nouveau opérationnelle… enfin si on veut, Sara n’était pas dans son état normal, elle était encore sous le choc de l’explosion et agissait sans trop vraiment y réfléchir. Elle avait accompagné Brass et lorsque celui-ci et ses hommes étaient entrés dans l’appartement de leur suspect, afin de sécuriser le périmètre et permettre à l’équipe de nuit de la police scientifique de faire son travail d’investigation en toute sécurité, Sara était entrée dans l’appartement sans en attendre l’ordre de Brass, arme à la main. Elle avait elle-même « sécurisé » le périmètre en mettant sa vie en danger. Aucun CSI n’était là pour protéger, mais pour récolter des indices. Le délinquant était sorti de sa planque et s’était rué sur Sara, non pour lui faire du mal mais pour tenter de s’échapper. Brass l’avait maîtrisé à la sortie et l’avait confié à ses hommes. Il se retourna alors vers Sara et la sermonna, ce n’était pas son boulot de prendre des risques, l’homme aurait très bien pu retourner son arme contre elle ! Ou il aurait pu se servir d’elle comme otage ! Heureusement pour Sara, même si elle était un peu déconnectée de la réalité à ce moment-là, elle avait quand même de bons réflexes et, heureusement pour elle, Brass aussi ! Celui-ci était furieux, elle avait fait n’importe quoi estimait-il, elle était inconsciente !
Tout ceci était parvenu aux oreilles de Grissom… le congé de Sara était une nécessité selon lui, elle devait rentrer pour se reposer et faire le vide dans sa tête. Mais depuis quelques jours déjà, Sara avait justement son idée derrière la tête. Elle s’était résignée jusque-là, mais depuis, la donne avait changé, elle était passée deux fois à côté de la mort. Cette idée elle ne la trouvait donc plus aussi optionnelle qu’avant, surtout après ce qu’elle avait entendu dans la bouche de Grissom, quelques dizaine de minutes après l’explosion : « Honey. »
Elle se rendit donc au bureau de son superviseur et osa enfin lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. Elle était tout excitée à l’idée qu’il réponde oui, après tout il était également en congé, il s’était sérieusement inquiété pour elle… et il avait été le seul à le montrer d’ailleurs !
« Vous voulez dîner avec moi ? »
Sara souriait, elle avait espoir qu’il dise oui. Grissom quant à lui était vraiment surpris. Il n’était pas vraiment concentré dans la conversation, il pensait à son opération : il avait de plus en plus de problèmes auditifs sérieux à cause de sa maladie. Il répondit alors ce qui lui semblait être le plus raisonnable.
« … Non. »
Il avait refusé, après ce qu’il lui avait dit, il avait quand même refusé, elle ne s’y attendait pas. Elle s’était fait jeter, du moins c’est comme ça qu’elle le ressentait. Blessée dans son amour propre, elle tenta d’obtenir une autre réponse en insistant et en essayant de comprendre.
« Pourquoi ? Allons dîner et on verra ce qui se passe… »
Grissom lui devait une explication, il devait se justifier sur son choix. En vérité, il avait répondu sans vraiment réfléchir.
« … Sara…… » En faisant un geste de la main entre lui et elle, pour lui signifier qu’il parlait de leur relation, il dit alors : « je ne sais pas quoi penser de « ça ». »
Sara était vraiment blessée cette fois, il refusait de leur laisser une chance, il l’avait appelé « Honey », ça ne signifiait rien pour lui ? Est-ce qu’il jouait avec ses sentiments ? Cela l’amusait-il ? Elle en tout cas était sérieuse, elle le mit en garde :
« Moi si. Dépêchez-vous de vous décider, avant qu’il ne soit trop tard. »
Là-dessus, elle quitta les lieux. Grissom qui n’affichait aucune expression visible sur son visage parut soudain inquiet lorsqu’elle ajouta « avant qu’il ne soit trop tard ».
Chapitre 02 : Les femmes de sa vie
Qu’est ce qu’il avait dit pour obtenir cette réponse… il avait refusé son invitation à dîner, il avait… IL AVAIT REFUSE DE DINER AVEC SARA ! Mais pourquoi ? Pourquoi avait-il refusé ? Mais quel idiot ! Il… il aurait été ravi de dîner avec Sara, ravi…
Grissom éteignit les lumières de son bureau et sortit du bâtiment, commençant alors sa journée de repos. Il monta dans sa Tahoe et rentra chez lui gentiment, il avait tout son temps. Après tout, personne ne l’attendait chez lui, il était seul, toujours seul. Durant le chemin, il réfléchissait à ce que lui avait demandé Sara et pourquoi il avait refusé.
« Sara est sous le choc, elle m’a demandé de dîner avec elle uniquement parce qu’elle est encore sous le choc, elle n’est pas dans son état normal… Je ne pouvais pas accepter, je ne veux pas profiter de la situation… elle est trop fragile en ce moment et moi j’ai… j’ai d’autre soucis en tête. Moi aussi je ne suis pas vraiment dans mon assiette, moi aussi je ne suis pas tout à fait dans mon état normal. Je… je vais devoir me faire opérer, mon problème d’audition s’est aggravé et je risque de devenir sourd bientôt. Si je deviens sourd, ma carrière est finie, je ne pourrais plus travailler pour la Police Scientifique, je… j’ai peur. Je suis seul face à ça et personne ne peut m’aider. Tu comptes beaucoup pour moi Sara, n’en doute pas mais… mais peut-être que dans très peu de temps, tu comprendras pourquoi j’ai refusé. Ça aurait été une erreur… »
En rentrant chez lui, Grissom alluma la lumière, lança les clés sur son bar, retira sa veste et ses chaussures, rangea ses vêtements à leurs places respectives : les chaussures près de la porte d’entrée et sa veste sur le porte-manteau. Son appartement était très calme, il entendait à peine le bruit des voitures qui circulaient non loin de son immeuble. Grissom était las de sa journée, il n’en pouvait plus. Il décida de prendre une douche avant d’aller se coucher, ça l’aiderait à se détendre et à dormir. Il n’avait pas faim, il n’avait aucunement l’intention de manger après avoir refusé un dîner avec Sara ! Il alla chercher des sous-vêtements dans sa chambre ainsi que son pyjama et se rendit directement dans la salle de bain. Il prit une douche bien chaude, il aimait le contact de l’eau chaude avec sa peau. Sous l’eau, il n’avait pensé à rien, il ne s’était concentré que sur ce moment apaisant et relaxant, il en avait besoin. Lorsqu’il sortit de sa douche, il tendit le bras et se saisit de sa serviette. Il s’essuya d’abord le visage, les mains plaquée sur la figure et frottant doucement le tissu sur sa peau. Puis il glissa la serviette vers le sommet de son crâne et frotta énergiquement afin de se sécher les cheveux. Lorsqu’il s’apprêtait à sécher le reste de son corps, il vit son reflet dans le miroir qui lui faisait face. Quand il enroula sa serviette autour de sa taille, il pensa :
« Tu mérites mieux Sara, je suis trop vieux pour toi… qu’est-ce que tu peux bien me trouver ? Tu as des jeunes gens autour de toi qui sont bien mieux que moi… pourquoi tu ne t’intéresses pas à eux ? Ils sont en meilleur santé que moi et ils ont leur carrière d’assurée. Moi elle est remise en cause maintenant, je vais peut-être être obligé de démissionner. Je travaillerais comme entomologiste simplement, je ne pourrais plus faire partie de l’équipe à cause de cette foutue maladie héréditaire… »
Il enfila son caleçon, son pantalon de pyjama et la « chemise »qui allait avec et éteignit la lumière de la salle de bain. Il se dirigea vers sa chambre dans le noir. Lorsqu’il se coucha il se demanda :
« Comment as-tu fait maman pour supporter ça ? Je… je ne le supporterai pas… Demain je viendrai te voir,… j’en ai besoin. Tu es la seule qui pourras me comprendre. Mon équipe… mon équipe est proche de moi mais aucun d’entre eux ne s’est aperçu de quoique ce soit. Je leur cache la vérité, ils n’ont pas à savoir... A quoi ça les avancerait ?... »
Grissom tombait de sommeil à présent, il s’endormit sur ses réflexions par rapport à ses collègues. Les dernières quarante-huit heures avait été éprouvantes.
A son réveil, quelques heures plus tard, il alla se chercher des croissants et se prépara un bon café bien noir. Il était déjà tard pour prendre son petit déjeuner pour des personnes normales – en réalité il était plutôt l’heure de déjeuner - mais Grissom était le chef de l’équipe de nuit et, par conséquent, ses horaires étaient bouleversés. Après un assez copieux petit-déjeuner – il ne mangerait pas avant ce soir - il prit ses clés et alla rendre visite à sa mère, comme il l’avait prévu avant d’aller dormir.
Elle avait élu domicile dans un centre spécialisé pour les malentendants, elle se plaisait parmi ses semblables. Là-bas, le silence régnait, s’en était apaisant, mais pour Grissom, ça lui rappelait que bientôt, peut-être, ce climat lui serait familier et qu’il devrait s’habituer au silence. Cette pensée le fit frissonner alors qu’il se dirigeait vers la porte de sa mère. Peu avant, il l’avait appelé à l’aide du visiophone afin de la prévenir de sa visite. En arrivant, il appuya sur un interrupteur relié à des ampoules de couleur rouge, installées dans chaque pièce pour prévenir que quelqu’un était à la porte. Sa mère lui ouvrit et prit aussitôt son fils dans ses bras. Cela faisait un moment qu’il n’était pas venu la voir. Depuis qu’il avait appris sa maladie génétique, Grissom s’était renfermé sur lui-même, il avait essayé de garder ça pour lui le plus longtemps possible. Il n’avait pas voulu voir sa mère car elle se serait très vite rendue compte que quelque chose n’allait pas, rien qu’en le regardant. Il pouvait cacher tout aux autres, il pouvait se montrer insensible mais pas avec sa mère, elle savait lire en lui comme dans un livre. Lorsqu’elle le relâcha, elle lui dit en langage de signe :
« Je suis très heureuse de te voir Gil, entre je t’en prie. »
Grissom avait appris le langage des signes très jeune, afin de pouvoir communiquer avec sa mère, il la comprenait donc parfaitement. Il souriait, il était heureux de la voir aussi. Il signa lui aussi :
« Merci. Moi aussi je suis content de te voir… je devrais venir plus souvent.
-Allez viens, entre, ne reste pas à la porte. »
Il entra et referma la porte derrière lui. Il regarda autour de lui, rien n’avait changé ici, depuis la dernière fois qu’il était venu.
« Installe-toi Gil, je t’apporte un café. »
Il ne put s’empêcher de sourire, il venait juste de finir son petit déjeuner et il avait déjà bu du café. Néanmoins il accepta la proposition de sa mère, vraiment, il était content de la voir. Il s’assit alors sur le sofa devant la table basse. Le décor était rustique, cela contrastait grandement avec l’appartement qu’il avait à Vegas qui était plutôt moderne. La décoration était complètement différente de chez lui, sur les murs par exemple, on pouvait voir des peintures que sa mère avait faites, représentant des paysages naturels ou des scènes de la vie quotidienne. Chez lui, Gil avait exposé ses propres chefs-d’œuvre lui aussi, des tableaux représentant les différentes espèces de scarabées ou de coléoptères.
Sa mère arriva avec un plateau sur laquelle était posé la cafetière, la petite boîte de sucre et les deux tasses. Elle posa le tout sur la table basse et vint s’asseoir sur le fauteuil, face à son fils. Elle lui servit son café, bien noir, sans sucre, comme il l’aimait et lui tendit sa tasse. Grissom la récupéra et la remercia. Elle se servit ensuite puis posa sa tasse sur la table-basse.
« Alors Gil, comment ça va ? Raconte-moi ce qui s’est passé depuis la dernière fois qu’on s’est parlé. »
Grissom ne chercha pas à cacher la vérité, bien au contraire, il était là pour la lui dire et attendait des conseils de sa part, pour être réconforté et rassuré aussi.
« Ça pourrait aller mieux… j’ai fait pas mal d’examens de santé dernièrement... »
Sa mère ne l’interrompit pas, elle « l’écoutait » attentivement, elle préférait le laisser finir avant de s’inquiéter et de s’affoler. Elle avait à peu près la même façon de réagir que son fils, elle laissait rarement exploser ses émotions. Il continua donc tranquillement à lui exposer ce qu’il était venu lui dire :
« J’ai quelques problèmes d’audition, de temps en temps, je n’entends plus rien. J’ai consulté une spécialiste et elle m’a confirmé ce que je craignais : … je suis aussi atteint d’otosclérose, elle m’a confirmé que c’était génétique et que… je perdrai l’ouie peu à peu, que ça serait irréversible. J’ai… de plus en plus souvent de pertes auditives… Une opération est possible mais elle n’est pas sans risque, je pourrais perdre bien plus vite encore l’usage de mes oreilles. Mais je crois que… vu où j’en suis maintenant, il serait préférable que je me fasse opérer, le plus tôt possible... »
Sa mère le regardait avec tendresse et tristesse en même temps. Elle n’avait pas pitié de lui comme la plupart des gens aurait pu réagir, elle savait ce que c’était elle, elle connaissait que trop bien sa maladie. Grissom se sentait soulager d’avoir enfin parlé de ça avec quelqu’un, voilà presque un an qu’il gardait ce lourd secret en lui…
« Pourquoi n’es tu pas venu me voir plus tôt mon fils ? Pourquoi as-tu gardé ça pour toi ?
-Je ne voulais pas que tu t’inquiètes pour moi.
-Mais je m’inquiète toujours pour toi Gil, surtout avec le métier que tu fais. »
Ils parlèrent longtemps de ce problème de surdité. Comme il l’espérait, sa mère le conseilla, le rassura. Grissom qui d’ordinaire était assez réservé et mystérieux, entrait dans les détails sans retenues, avec elle il se sentait bien et libre de parler sans pour autant qu’elle le juge. Il lui posa beaucoup de questions et lui exposa ses craintes :
« J’ai besoin d’entendre, c’est primordial pour mon métier… j’ai besoin de pouvoir écouter ce que disent les gens et comment ils le disent… j’ai besoin d’entendre si l’intonation de leur voix concorde avec l’expression de leur visage ou de leurs gestes… Et puis si je laisse évoluer la maladie à son rythme, de toute façon dans très peu de temps je serai sourd… Même si je sais lire sur les lèvres et que je comprends ce que les gens disent, ça ne suffira pas... »
Ils allèrent au bout de la discussion, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus rien à en dire. Sa mère lui proposa un autre café, qu’il accepta volontiers. Elle pensait à leur conversation tout en lui versant le café dans sa tasse, elle pensa à la vie de son fils. Il était venu la voir parce que c’était sa seule confidente, il le lui avait fait comprendre… son fils était seul et elle se décida à lui en parler :
« Et dans ta vie Gil, ça va ? Je veux dire… tu n’as pas d’autres soucis ?
-Non ça va. Je fais un boulot qui, comme tu le sais, me plait vraiment.
-Ça je sais oui, professionnellement je ne m’inquiète pas, je sais que tu as toujours fait ce qui te plaisait… je te parle de ta vie personnelle. »
Gil était gêné à ce moment précis, la complicité qu’il avait avec sa mère était forte, mais il n’osait pas trop affronter son regard alors qu’il allait lui confirmer ce qu’elle pensait :
« Mon travail m’accapare. »
Il savait qu’en faisant une telle confession, il allait avoir droit à un sermon… de temps en temps d’ailleurs, lorsque Catherine lui disait ce qu’elle pensait de lui, il avait l’impression d’entendre sa mère, et vice-versa. Sa mère décida de lui parler de la vraie vie :
« Ton travail fait partie de ta vie, mais il ne doit pas être prioritaire… Gil, je m’inquiète pour toi, je n’aime pas te savoir seul.
-J’ai l’habitude tu sais. » Dit-il avec un petit sourire, sachant pertinemment que sa mère avait raison.
« Peut-être que ça ne te pose aucun problème maintenant mais, quand tu seras à la retraite, ton travail ne sera plus là pour combler les manques et puis… ce n’est pas dans ton travail que tu vas trouver une femme.
-Beaucoup de femmes travaillent avec moi. » Répondit-il, du tac o tac.
-Ah… et aucune d’entre elles ne craque pour mon fils ? » Lui demanda-t-elle d’un air taquin, semblable à celui qu’avait parfois Grissom.
Grissom eut un petit sourire assez étrange, que sa mère comprit aussitôt. Il pensait à Sara.
« Je ne sais pas… »
Grissom mentait et il savait qu’avec sa mère, il ne pourrait pas lui cacher la vérité alors il décida d’entrer dans son jeu.
« Quelque chose me dit que mon fils me cache des choses… Elle est comment ? »
Grissom sourit de plus bel encore, la seule personne qui savait le faire parler avait raison de lui.
« Beaucoup plus jeune que moi.
-Et ?
-…
-Ton père avait quinze de plus que moi et ça ne m’a pas empêché d’avoir des sentiments pour lui et lui pour moi… et heureusement sinon on ne serait pas la à discuter ! »
Grissom rit, sa mère était incroyable, elle était capable de le faire rire en toute circonstance, il était décidément heureux d’être venu la voir. Voyant sa réaction, sa mère sentit qu’elle pouvait continuer sur le sujet, il ne se renfermerait pas. Elle mourrait d’envie d’en savoir plus.
« Allez, dis-moi comment-est elle ? Qu’est-ce qu’elle fait ?
-Elle travaille avec moi dans mon équipe CSI. Intelligente, très compétente… »
Grissom était assez maladroit, parler de ses sentiments étaient bien difficiles mais en même temps il trouvait ça… excitant ! Il ne savait pas trop comment s’exprimer. Il décida donc de la décrire comme il décrirait quelqu’un dans son travail pour un portrait robot :
« Elle est un peu plus petite que moi, assez maigre. Elle est brune, elle a les yeux noisettes,… »
Grissom se dévoilait à mesure qu’il décrivait Sara, sans vraiment s’en rendre compte, la description qu’il faisait d’elle prouvait un intérêt certain pour la jeune femme. Il continuait, sa mère, qui était obligée de le regarder pour le comprendre, s’apercevait qu’il mettait beaucoup de cœur à la décrire, une lueur particulière dans les yeux, le visage soudain éblouissant.
«… les traits du visages assez fins, mais les pommettes bien dessinées, le nez bien droit, une petite bouche… elle a des tâches de rousseur aussi.
-Elle est très belle alors. » Conclut sa mère.
Il évita de répondre à la remarque de sa mère : elle avait encore une fois réussi à lire en son fils. Quand il eut fini, sa mère, qui le regardait avec un sourire, tenta une remarque :
« Tu devrais inviter cette personne à dîner, comment s’appelle cette jeune femme ? »
En entendant la suggestion de sa mère, Grissom changea soudain de tête : si elle savait qu’il n’y avait pas vingt-quatre heures, il avait refusé son invitation !
« Elle s’appelle Sara Sidle.
-Eh bien Gil, pour une fois, mets un peu de côté ton travail, profite de la vie. Des Sara Sidle, il n’y en a pas deux…
-Je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée… »
Gil repensait aux raisons pour laquelle il avait répondu non… son problème d’audition et le fait qu’il soit collègue.
« Ecoute, il est évident que l’attirance est réciproque, enfin si tu es bien sûr qu’elle s’intéresse à toi, alors qu’est-ce qui t’en empêche ?
-… Mon problème d’audition déjà…
-Et alors ? Si elle te repoussait en apprenant que tu es sourd alors elle ne t’aimerait pas ! Je ne suis pas restée célibataire moi sous prétexte que je n’entendais pas ! Je veux bien admettre que c’est handicapant pour ton travail, mais ça n’empêche pas d’avoir des gens autour de toi. Les sourds ne se marient pas entre eux tu sais.
-Oui, je ne voulais pas dire ça, excuse-moi, je suis maladroit. Je voulais dire que si je deviens sourd, je perdrais mon travail et je… enfin tu vois.
-Oui je vois, tu as peur qu’elle ne te trouve plus aussi intéressant sans ton travail. Mais dis-moi, elle serait avec toi ou avec ton travail ?
-En temps normal avec les deux, elle sait que mon travail compte beaucoup pour moi, tout comme je sais qu’il compte beaucoup pour elle. J’ai peur de ce que je deviendrais sans mon travail.
-Ça ne te ressemble pas de ne pas être sûr de toi Gil. Fais-toi confiance et fais confiance à cette jeune femme… Et puis tu es le meilleur dans ton domaine, il ne pourrait pas se passer de toi ! »
Grissom sourit à la remarque de sa mère, c’est vrai qu’il n’y avait pas d’entomologiste aussi compétent que lui dans la région, l’espèce était assez rare. Elle marquait un point, il devait l’admettre. Il avança alors sa seconde raison qu’il croyait légitime :
« Les relations entre collègues sont interdites. »
Sa mère avait une réponse pour chaque remarque qu’il pouvait faire, elle répondit sans même avoir besoin d’y réfléchir :
« Et ça ne t’a pas empêché de fréquenter Terry… Gil, ne fais pas l’erreur de laisser filer ta chance. »
Grissom entendit alors Sara lui redire : « Dépêchez-vous de vous décider, avant qu’il ne soit trop tard. » Il mit du temps à réagir, tant cette remarque le laissait bouche-bée. Il aurait dû dire oui, il le savait maintenant… Il baissa la tête comme s’il pensait encore « Quel idiot ! » mais qu’il ne voulait pas le montrer.
La conversation était close, ils en avaient également fait le tour. Sa mère regarda sa montre, voyant l’heure qu’il était – l’heure de dîner – elle attira l’attention de son fils et l’invita à rester manger avec elle, ce qu’il accepta avec plaisir, mais ne put s’empêcher de penser que justement s’il réfléchissait moins par moment, à l’heure actuelle il serait en train de dîner avec la femme la plus adorable qui soit : sa Sara.
Chapitre 03 : Du côté de Sara
Sara avait eu beaucoup de mal à se calmer en rentrant seule chez elle. Elle était en colère contre Grissom – elle ne comprenait pas comment il pouvait jouer avec ses sentiments – et surtout contre elle, parce qu’elle y avait cru. En rentrant chez elle, elle reproduit à peu près les même geste que son supérieur : elle se débarrassa de ses clés qu’elle jeta sur la table de la salle à manger, retira sans l’aide des mains ses chaussures, qu’elle repoussa sur le côté avec le pied, pour ne pas qu’elles traînent au milieu du passage et jeta sa veste sur le dossier de son canapé. Elle se dirigea directement vers son frigo et en sortit une bière. Chaque fois que sa vie sentimentale ne la satisfaisait pas, Sara se mettait à boire. Ce matin, elle n’avalerait rien, elle en avait décidé ainsi. Elle n’en avait certainement pas envie après avoir essuyer un refus. Elle ne boira que sa bière, une seule, son but n’étant pas de se soûler. Elle se jeta dans son canapé et regarda dans le vide, prêtant attention au silence trop pesant de la pièce. Les réflexions qui lui revenaient le plus en tête cette nuit étaient :
« Pourquoi est-ce que je continue d’y croire ? Quelle idiote ! »
Elle ne mit pas longtemps à vider sa bouteille. Lorsqu’elle l’eut fini, elle la posa sur sa table basse et s’allongea sur le canapé, sur le dos, les bras croisés derrière la tête. Elle réfléchissait encore et encore à ce que lui avait dit Grissom :
« Je ne sais pas quoi penser de ça. »
Elle tentait de déchiffrer tout ce que cette réponse laissait deviner… D’abord, elle en conclut que Grissom avait déjà envisagé une relation entre eux, même s’il ne savait pas quoi en penser, c’était évident. Elle changea de position, utilisa sa veste toujours posée sur le dossier du sofa en guise de couverture et se mit sur le flan, les jambes légèrement pliées, l’avant bras gauche faisant office d’oreiller.
« Mais alors s’il envisage une relation, je ne le laisse pas indifférente ? Et si je ne le laisse pas indifférente, pourquoi diable a t-il refusé de dîner avec moi ? Surtout que je lui avais dit que ce n’était qu’un simple dîner, juste comme ça, pour voir… »
Bien sûr Sara espérait bien plus qu’un simple dîner, mais elle préférait laisser choisir Grissom, qu’il décide d’appeler ça un rendez-vous galant ou non. Ce repas n’obligeait donc rien, ni pour lui, ni pour elle. L’avait-elle déçu par son comportement « irresponsable » – toujours selon les dire de Brass - ces derniers temps ? Elle réfléchit à cette idée :
« Il est probable que Grissom en soit non pas déçu mais contrarié. »
Sara avait du mal à reconnaître que la situation aurait pu être fatale pour elle, elle ne voulait pas reconnaître son tort, parce qu’elle avait agi en pensant qu’elle faisait tout bonnement son travail en arrêtant un suspect. Qu’en pensait Grissom ? Certainement qu’elle en faisait trop, qu’elle repoussait trop ses limites, jusqu’à se mettre en danger pour faire avancer une enquête. Sara n’hésitait jamais lorsqu’il s’agissait de son travail, elle passait immédiatement à l’action lorsque c’était nécessaire et elle était bien consciente que ça ne plaisait pas à son supérieur.
Elle n’avait qu’à repenser au jour où elle s’était mise volontairement en danger dans une enquête fédérale qui visait à prendre la main dans le sac un dangereux kidnappeur-tueur en série. Ce jour-là, il y a presque deux ans, lorsque Grissom avait appris qu’elle avait décidé de jouer le cobaye, il avait tenté de la protéger en la dissuadant… mais Sara était incapable d’y renoncer, elle était bien trop sûre d’elle et trop têtue. Alors au lieu de s’en prendre à elle, il avait crié sur l’agent fédéral Culpepper, il était vraiment furieux et - elle s’en souvenait encore – très inquiet.
« Non, c’est une certitude, il n’est pas déçu… »
Alors elle ne comprenait pas pourquoi il avait refusé, elle avait beau chercher, elle ne voyait pas. La seule chose qu’elle lui trouvait comme « excuse » était qu’il pouvait avoir refusé parce qu’il ne voulait pas qu’elle connaisse le Gil Grissom qui ne travaillait pas… elle savait que Grissom était un homme très réservé, qui aimait entretenir le mystère autour de lui. Si c’était pour cette raison, elle trouvait ça vraiment ridicule !
Sara était toujours aussi énervée, elle n’arrêtait pas de se tourner et de se retourner. Elle tenta de se calmer en essayant de se dire que ce n’était rien, qu’il fallait qu’elle oublie, qu’il fallait ne plus y penser, qu’elle devait dormir… au bout d’un moment, elle finit par s’endormir là, encore habillée. Elle n’avait pas envie de bouger, elle n’avait plus le courage de faire quoi que ce soit d’autre.
Lorsqu’elle se réveilla, sa première réaction fut de se demander où elle était et lorsqu’elle émergea totalement, elle se rendit compte qu’elle avait passé la nuit à dormir sur son canapé. Elle se leva difficilement, non pas que son canapé était inconfortable, mais la journée s’annonçait bien mal déjà, Sara se levait du pied gauche. Elle était toujours aussi agacée par la réponse de Grissom et par le fait qu’elle s’était mise toute seule dans cette situation ridicule ; Et la pensée qu’aujourd’hui elle était en congé n’arrangeait en rien son humeur déjà maussade.
Qu’allait-elle bien pouvoir faire de sa journée ? Tout d’abord, il fallait qu’elle prenne une douche, ça lui changerait les idées et ça lui ferait du bien, autant corporellement que mentalement. Ensuite elle préparerait un bon déjeuner, elle en avait envie, elle en avait marre des repas pré-cuisinés qui s’entassaient dans le réfrigérateur - elle s’était pourtant promis de changer de mode de vie, d’essayer d’avoir une vie sociale normale et de ne pas se replier volontairement sur elle-même ! - Oui c’était une bonne idée, il fallait qu’elle sorte, il fallait qu’elle trouve une occupation pour chaque minute de sa journée, jusqu’à ce qu’elle reprenne son service le lendemain.
Elle alla donc faire ses courses dans la grande surface la plus proche du coin. Elle n’acheta pratiquement que des légumes, depuis qu’elle avait fait cette expérience de viande en décomposition sur un cochon avec Grissom, elle ne supportait plus l’idée de manger de la viande. Les légumes étaient plus sains… enfin psychologiquement ils le paraissaient plus. Elle acheta des produits frais et prit tout son temps pour bien les choisir… du temps elle en avait à perdre !
Elle ne sentait pas la présence de l’homme non loin qui la suivait et l’épiait… il n’en perdait pas une miette, il surveillait le moindre fait et geste de la part de la jeune femme. Il ne s’intéressait pas à elle, du moins pas comme on pouvait l’entendre. Bien entendu il l’aurait certainement trouvé très attirante, voir même à son goût dans d’autres circonstances. Non, s’il la regardait, c’était dans un but bien précis…
Sara continuait d’examiner ses fruits et légumes, elle prenait les fruits dans sa main, elle les pesait, les retournait dans tous les sens, les sentait et les reposait lorsqu’elle ne les jugeait pas assez mûrs. Les gestes étaient répétitifs.
Il continuait de l’examiner, lui aussi la jugeait. Il se demandait ce que cette jeune femme avait de plus qu’Elle, il se demandait pourquoi Elle n’avait pas eu autant de chance… L’homme changea de rayon pour éviter d’attirer l’attention sur lui… après tout, il y avait des caméras de surveillance partout ici, si l’agent de sécurité remarquait son comportement pour le moins soupçonneux, il risquait de se faire repérer par la jeune CSI.
Il se demanda soudain comment la jeune femme ne pouvait pas être plus méfiante que ça, après tout il y avait eu une explosion à son laboratoire et même si ce n’était pas d’origine criminelle, ça laissait réfléchir à la question… Lui n’aurait pas eu envie de s’y prendre de cette manière de toute façon, il préférait imaginer voir sa victime en train de le supplier de l’épargner, il l’imaginait à genoux face à lui alors qu’il tenait un arme, le canon posé sur sa tempe, avec cette formidable impression de puissance. Oui, il préférait et voulait les voir souffrir avant l’inévitable !
Sara mit plus d’une heure à faire le tour du magasin, elle voulait en profiter, c’était plutôt rare qu’elle se permette de voir autre chose que son ordinateur ou ses livres. Elle rentra ensuite directement chez elle : « Il faut bien que je mange tout de même. » Pensa t-elle.
L’homme était toujours resté discret, même durant sa filature en voiture… de toute façon même s’il la perdait en chemin, il savait où elle habitait. Il savait beaucoup de chose sur elle. Il apprenait à la connaître. Il valait toujours mieux connaître sa proie et calculer ses réactions avant de bondir tête baissée sur elle. Tôt ou tard de toute façon il agirait. Il était patient, très patient, des années déjà qu’il leur concoctait une petite vengeance, alors il n’était plus à une semaine près. L’homme se disait que plus il attendrait, plus il serait « récompensé » ; il attendrait la meilleure opportunité, quand il se décidera à frapper, ça fera mal. Pour l’instant le simple fait de la suivre à ses dépens lui suffisait… pour l’instant.
Il n’était ni très grand ni très costaud, c’était un homme tout à fait ordinaire, aucun signe distinctif. Pas de lunette. Pas de barbe. Pas de moustache. Pas d’anneau dans le nez ou dans les oreilles, rien ne laissait apparaître que sous cette belle apparence se cachait quelqu’un de torturé, au point d’arriver à en torturer les autres. Il était brun, ses cheveux étaient coupés court, mais ils étaient suffisamment longs pour laisser paraître que de nature ils étaient ondulés. Son nez était retroussé, un peu en trompette, ses lèvres étaient fines et bien dessinées. Ses yeux étaient sombres, presque noirs. Ils lui donnaient un côté assez inquiétant lorsqu’il baissait la tête. Il n’avait pourtant pas le visage de quelqu’un de dangereux, mais son expression lorsqu’il songeait à son passé avait quelque chose d'angoissant. Ils faisaient penser un peu à ce regard que le requin blanc a dans les Dents de la mer : un regard sans vie et froid, qui vous glace le sang. Vous savez que lorsque vous croisez son regard c’est la fin, c’est la dernière chose que vous verrez avant de mourir.
Avant que le drame n’arrive, c’était un homme bon et épanoui. Il inspirait facilement confiance aux gens et il le savait, c’était un don et ce don il l’avait encore, lorsqu’il ne pensait pas à tout ce qui s’était produit. On lui aurait donné le bon dieu sans confession, pourtant comme on dit l’habit ne faisait pas le moine.
Pour approcher Sara, il avait décidé de ne pas utiliser ce « don » et de la prendre par surprise. Il n’essaierait pas de la fréquenter, il n’avait pas envie de tout faire rater. Il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour se rendre compte que Sara était assez méfiante avec les gens, particulièrement avec les hommes. Il ne s’amuserait pas avec elle… pas trop, elle n’était pas sa cible principale. Elle était juste la première, le hors-d’œuvre. Lorsque viendra le moment de la cerise sur le gâteau, sa cible principale, là il ne sera plus aussi « indulgent ».
C’est pour ça que pour Sara, il n’était pas pressé, il se préparait à faire son entrée. Il attaquerait gentiment, pour ne pas trop attirer l’attention des autres membres de l’équipe. Il valait mieux calculer, réfléchir, faire le moins d’erreurs possibles. Il préparerait tout pour ne pas – ou le moins possible – laisser d’indices qui pourraient le compromettre. C’est pour ça qu’il lui fallait l’étudier. D’ici une semaine, il serait déjà mieux fixé.
Sara passa le reste de sa journée devant son ordinateur, les vieilles habitudes avaient la vie dure. Elle avait passé du temps sur un site parlant des nouvelles techniques d’investigation. Sara aimait beaucoup se renseigner sur les techniques que les autres membres du CSI au quatre coins des Etats-Unis utilisaient. Elle en tirait des leçons intéressantes. Son cerveau était constamment en train d’enregistrer des informations. Elle avait aussi sa radio de brancher sur le canal de la police locale comme elle avait coutume de le faire. Même – et surtout - durant ses périodes de congé, elle continuait de suivre ce qui se passait dehors. Des appels de secours, elle en entendait souvent malheureusement, quelque fois il lui était même arrivée de travailler sur l’affaire dont quelques minutes auparavant elle avait entendu le message d’urgence… la police était arrivée trop tard, laissant la police scientifique prendre la suite des opérations. Elle ne pouvait s’empêcher de se dire qu’elle était bien mieux ici, seule devant son ordinateur, que dehors où il y avait tous ces fous. Chez elle, elle se sentait en sécurité.
Si elle savait qu’en bas de chez elle, un homme l’attendait et que son but était de lui faire du mal… enfin, peut être pas spécialement à elle. Il savait, pour avoir beaucoup surveillé la jeune femme, qu’elle était bien intégrée à l’équipe depuis que Holly Gribbs avait tragiquement quitté l’équipe. Elle s’y sentait apparemment bien et côtoyait apparemment tout le monde… peut-être moins l’autre femme que les hommes. Elle fréquentait particulièrement une personne, son supérieur. Et, comme grand observateur qu’il était, il s’aperçut rapidement qu’une alchimie existait entre eux et qu’elle était partagée.
Elle détestait être seule ce soir, particulièrement parce que si les choses s’étaient déroulées comme elle l’avait espéré, à l’heure actuelle elle serait en galante compagnie – avec Grissom - en train de commander son menu. Peut-être qu’inconsciemment elle avait senti la présence de son prédateur…
Ce soir elle avait décidé de rédiger son rapport, qu’elle donnerait en main propre à Grissom lorsqu’elle le verrait au début de son service. Elle non plus n’aimait pas la paperasse, mais il fallait le faire, ça faisait partie du travail. Et comme Sara préférait travailler sur le terrain pendant ses heures de service, elle travaillait ses rapports pendant ses congés. Lorsqu’elle arriva au passage où elle devait décrire l’explosion, elle frissonna et pensa à son jeune collègue Greg qui était encore à l’hôpital. Elle irait le voir le lendemain, pour lui tenir compagnie… et ça lui tiendrait compagnie à elle aussi. Fatiguée, elle décida d’écrire la suite plus tard, après une bonne nuit de sommeil.
L’homme ne se décida à rentrer chez lui que lorsqu’il ne vit plus aucune des lumières allumées dans l’appartement. Avant de fermer l’œil il pensa : « Ne t’inquiète pas sœurette, je vengerai ta mort. »
Chapitre 04 : Une nouvelle nuit, des nouvelles enquêtes
Sara avait fini d’écrire son rapport dans l’après-midi, juste avant de rendre visite à Greg. Elle avait été rassurée en le voyant, il semblait aller bien, il était surtout choqué et fatigué.
Elle se dirigeait vers le bureau de Grissom, afin de lui remettre le dossier qu’elle tenait dans ses mains. Elle marchait d’un pas lent, elle y allait à reculons comme on dit, redoutant la confrontation. Elle savait qu’elle allait se montrer froide, elle n’avait pas encore avalé la pilule. Pour elle c’était clair, il jouait délibérément avec ses sentiments.
Elle frappa sur la porte qui était déjà ouverte, Grissom était assis à son bureau, il releva aussitôt la tête. Sara entra sans attendre la moindre invitation de sa part et tendit le rapport à son supérieur. Il tendit aussitôt le bras pour le récupérer.
« Tenez. Mon rapport. »
Elle avait dit ceci sans cérémonie, sans bonsoir, sans émotion. Elle était encore irritée par sa réponse… deux jours, ce n’était pas suffisant pour calmer les tensions. Il tenta de l’apaiser en se montrant amical.
-Merci. » Dit-il gentiment avec un petit sourire.
Il ne cherchait pas à la provoquer, il était sincèrement content de la voir, même s’il avait su pertinemment que lorsque ça arriverait, il y aurait de la tension dans l’air. Il ne pouvait pas lui en vouloir, honnêtement il aurait réagi de la même façon dans la même situation… mais lui n’aurait jamais été à sa place, il ne se serait pas dévoilé. Il s’avouait lâche lui-même.
Il paraissait serein et ce petit sourire acheva d’agacer la jeune femme. Mais au lieu de lui dire quoique ce soit d’autre au risque de s’emporter, Sara préféra tourner les talons. Avant de franchir le pas de la porte, Grissom l’interpella :
« Sara ? »
Elle s’arrêta net, se retourna et le regarda comme pour lui dire : « Je n’ai pas envie de discuter avec vous. » Grissom le ressentit profondément, il n’avait pas réalisé les conséquences de sa réponse sur l’humeur de la jeune femme, du moins pas à ce point. Ce dîner lui tenait vraiment à cœur, c’était évident.
Ce qui « l’ennuyait » le plus c’était que, vu qu’ils étaient en sous effectif, il allait devoir travailler sur une nouvelle affaire avec elle. Catherine était suspendue pendant cinq jours à cause de l’erreur qu’elle avait commise de laisser une substance inflammable sous la hotte de captation, non loin d’une source de chaleur ; le résultat – l’explosion - avait failli coûter la vie à Greg et à Sara, d’après le directeur Robert Covallo, la punition était peu cher payée !
Nick et Warrick allait devoir faire équipe ensemble car leur affaire était particulièrement délicate… ils allaient travailler chez Lady Heather ! Apparemment un homme aurait porté plainte pour avoir subi des « maltraitances » particulièrement fortes, il était à présent à l’hôpital dans un piteux état ! Connaissant Sara, il valait beaucoup mieux que cette affaire ne lui arrive même pas aux oreilles ! Elle supportait déjà mal les violences conjugales alors des personnes qui se font volontairement maltraiter ! Quant à lui, il ne pouvait pas non plus être sur cette affaire, tout bonnement parce qu’il y avait quelques semaines encore, il s’était comporté comme le dernier des imbéciles avec Lady Heather et il doutait qu’elle soit très coopérative après ce qu’il s’était passé. Il pensa qu’en ce moment sentimentalement il n’avait pas la cote, mais en même temps il était conscient qu’il le cherchait bien !
Oh ça ne l’ennuyait pas d’être avec Sara, au contraire ! Mais s’il devait travailler ensemble, il était impératif que l’ambiance soit bonne entre eux, pour être des plus efficaces. Il doutait que Sara soit très coopérative, malgré sa conscience professionnelle très développée, il ne fallait pas exagérer, elle avait le droit et des raisons de lui en vouloir.
Sara ne disait rien, elle attendait les bras croisés qu’il lui dise ce qu’il avait à dire, aucune chance ne serait donné à l’adversaire, elle ne le mettrait pas à l’aise. Grissom prit son courage à deux mains pour lui annoncer la « bonne » nouvelle.
« J’ai déjà distribué les affaires, vous travaillez avec moi. »
Il devait s’acharner contre elle, il ne devait pas encore être satisfait du résultat, il voulait certainement l’achever, voilà ce à quoi pensait Sara. Elle n’en revenait pas, s’il ne dédaignait pas passer la soirée avec elle c’est qu’il ne l’appréciait pas, pourquoi l’avait-il choisi elle ? Et puis Sara n’avait rien loupé, elle était à l’heure alors depuis quand il avait pris sa décision ? Et les gars ils étaient où ?
« On est en sous-effectif pendant quelques jours. » Tentait de se justifier Grissom. « Warrick et Nick travaillent sur une affaire… disons… pour les hommes.
-Si c’est pour les hommes vous auriez pu choisir celle-là… et c’est quoi ce machisme, il y a des affaires réservées aux hommes maintenant ! »
« Mal parti » Pensait Grissom, chaque fois qu’il tentait d’arrondir les angles, Sara s’arrangeait pour l’empêcher d’avancer.
« Non mais… nous ne pouvions pas travailler sur cette affaire, moi pour des raisons personnelles et vous parce que vous êtes incapable de garder votre sang-froid quand il s’agit de violence gratuite. »
Sara n’en revenait pas, il avait le toupet de lui reprocher une fois de plus son implication dans les affaires… elle était humaine, c’était normal de ne pas supporter la violence gratuite ! Elle ne préférait rien répondre et serra nerveusement la mâchoire pour ne pas craquer. Par ailleurs, ils avaient déjà fait le tour du sujet, pas besoin de le remettre sur le tapis.
« Et sur quoi allons-nous travailler ? » Se résignant à être avec lui. Elle n’avait vraiment pas de chance, si Grissom ne le faisait pas exprès, le malin-génie s’amusait bien à la torturer. Il y avait de ça deux jours elle ne demandait que ça de travailler avec Grissom et maintenant qu’elle voulait à tout prix l’éviter elle était avec lui.
« Sur un suicide présumé dans un hôtel… le mari affirme que sa femme ne se serait pas défenestrée. Brass nous attend, il interroge le mari. »
Sur ces belles paroles, il prit sa mallette qui était posé à côté de son bureau et se dirigea vers la porte, dirigeant Sara vers la sortie en la prenant par le bras. Sara se dégagea habilement de son emprise en prétextant avoir besoin d’aller au vestiaire pour récupérer son matériel.
« On se rejoint à la voiture. »
Chapitre 05 : Investigation de la Scène de Crime : Grissom et Sara
Arrivés sur les lieux du « crime », Grissom et Sara descendirent du véhicule, prirent respectivement leur matériel et s’avancèrent vers l’entrée de l’hôtel. Une foule de curieux s’était approchée de la bande jaune et entourait tout le périmètre de sécurité. Montrant leur badge de CSI à l’officier de police chargé d’empêcher les gens de passer la bande, ils entrèrent dans le périmètre. A partir de maintenant, il fallait ouvrir l’œil.
Pour ne pas effrayer la foule, un drap blanc reposait sur le corps de la victime, David Philips n’allait pas tarder à arriver. En attendant, personne ne devait toucher le corps tant que les CSI n’en avaient pas donné l’autorisation.
Jim Brass venait à leur rencontre, pour leur faire part de ce qu’il avait de nouveau sur l’affaire et leur exposer les réponses du mari. Celui-ci était pris en charge par les EMT, il était assis dur le rebord de l’ambulance, une couverture sur les épaules.
« Bonsoir vous deux. »
Sara se contenta de lui faire un petit signe de tête pour répondre à son bonsoir.
« Bonsoir Jim. Alors qu’est-ce qu’on a ?
-Le mari de la victime, Michael Worth ne cesse de répéter que sa femme n’aurait jamais sauté, selon lui elle avait le vertige, elle n’aurait jamais fait ça.
-Il pense que c’est un accident ? » Demanda Sara.
Grissom se retourna vers elle mais ne dit rien, il n’aimait pas qu’on fasse des suppositions à l’aveuglette mais il se cacherait bien de le faire savoir ce soir, pas la peine d’en rajouter.
« Non, il pense que c’est un meurtre. » Répondit simplement Brass.
« Tiens donc, c’est bien la première fois qu’un témoin cherche à devenir suspect. » Fit remarquer Grissom. Jim sourit, Sara ne le regarda même pas. Il sentit tout de suite le malaise qu’il y avait entre ses collègues. Jim soupira et continua de leur dire ce qu’il savait :
« Lui a 37 ans, il est musicien dans un groupe de rock, Les Araignées… sa femme, 31 ans, s’appelait Debbie Worth, elle était la manager du groupe.
Grissom s’agenouilla et souleva le drap pour examiner le corps de la victime. Sara fit de même, elle commença à prendre des clichés.
« Elle est morte depuis quand ?
-D’après le mari depuis à peine une heure maintenant…
-Comment le sait-il ? » Demanda Sara surprise que le mari soit aussi catégorique.
« D’après lui, ça se serait passé pendant qu’il prenait une douche dans la pièce d’à côté. Ils venaient d’arriver dans leur chambre d’hôtel. Elle allait très bien avant qu’il ne rentre dans leur salle de bain et quand il est ressorti, il a appelé sa femme… ne la voyant pas venir il est allé à sa rencontre et c’est là qu’il s’est aperçu que la vitre était brisée… il a regardé dans le vide et a vu le corps de sa femme gisant sur le macadam, morte.
-Qu’est-ce que le mari fait habillé s’il sortait de la douche ?
-Bien vu, je lui ai posé la même question, il a dit qu’il s’était habillé après avoir appelé Police Secours sachant qu’on allait débarquer.
-Il faut que je parle au mari. Sara, vous continuez avec la victime.
-D’accord. » Son mode animosité avait laissé place au mode professionnalisme, elle se montra toujours indifférente envers Grissom, mais elle suivait ses directives.
Dans la foule de badauds, un homme regardait la scène avec attention… il regardait Sara. C’était lui, encore lui, toujours lui, il la suivait nuit et jour, quoiqu’elle fasse. Il passait inaperçu parmi la foule. Plusieurs fois il s’était trouvé sur leur scène de crime parmi les curieux, jamais personne n’avait remarqué sa présence. Il se fondait entièrement dans la masse. La seule chose qui divergeait chez lui, c’était son mode de pensée : « Bientôt ma belle, très bientôt ! » Lui avait un but, faire souffrir cette femme et par la même occasion faire souffrir cet homme. Il tourna la tête et regarda Grissom. Il était en compagnie de Jim Brass. Il haïssait Jim Brass, il le maudissait. L’équipe de nuit allait payer, allait payer très cher !
Arrivé devant le mari de la victime, Jim présenta Grissom :
« Monsieur Worth, voici le docteur Grissom responsable de la Police Scientifique. Il aimerait vous poser quelques questions. »
Grissom enchaîna tout de suite, comme s’ils étaient en train de jouer un sketch : « Bonsoir monsieur Worth, j’aimerais savoir ce que vous avez fait à partir du moment où vous avez trouvé la vitre brisée.
-J’ai tout de suite appelé les secours… enfin je suis tombée sur la réceptionniste de l’hôtel et je lui ai dit d’appeler les secours, je lui ai expliqué ce qui s’était passé… ensuite je suis allé m’habiller et je vous ai attendu.
-Vous n’avez touché à rien d’autre dans la chambre à part le téléphone ?
-Non rien, nous venions d’arriver dans la chambre, je revenais d’une répét’ et j’avais beaucoup sué, alors je suis allé me prendre une douche… je devais jouer ce soir mais, vu les circonstances, il n’y aura pas de concert.
-Si vous êtes musicien, vous devez recevoir pas mal de courrier de fans… avez-vous reçu des menaces ? Y a t-il quelqu’un dans votre entourage qui vous en veut pour quelque chose ou qui en voulait à votre femme ? Des fans hystériques peut-être ?
-Des menaces oui, j’en ai déjà reçu, mais toutes les personnes un peu populaire en reçoivent, ça fait partie des risques du métier… En ce qui concerne ma femme, je… ne pense pas qu’elle avait des ennuis, elle m’en aurait parlé… »
En évoquant sa femme, Michael Worth se mit à pleurer.
« Toutes mes condoléances pour votre femme monsieur Worth.
-Merci…
-Pourquoi pensez-vous qu’il s’agit d’un meurtre et pas d’un suicide ?
-Parce que ma femme et moi étions heureux, elle n’avait aucune raison de faire ça… et peut-être que c’est ça, peut-être que vous avez raison, peut-être que c’est un fan qui a fait ça pour se venger de moi.
-Pourquoi dîtes-vous que c’est une vengeance ? »
Le musicien réfléchit à ce qu’il avait dit…
« Eh bien je suivais votre théorie, ça se tient, quelqu’un pourrait avoir décidé de me faire du mal pour se venger parce que… parce que j’aurais montré plus d’attention à un autre fan qu’à lui et il n’aurait pas supporté… les gens sont tarés à notre époque, on voit de tout ! »
Grissom ne répondit pas à cette réflexion stérile, il n’appréciait pas trop que ce gars ose appeler ses simples questions « théories ». Sara avait fini de prendre ses photos. David Phillips était arrivé et avait confirmé que le corps de la femme n’avait apparemment pas été déplacé et qu’elle était morte depuis environ une heure. Sara interpella son supérieur :
« Grissom ! Vous n’avez plus rien à faire avec le corps ?
-Non c’est bon, David peut l’emmener, bonsoir David !
-Bonsoir ! » Répondit timidement David et il se mit au travail, il fallait emmener le corps à la morgue pour l’examiner.
« Sara, vous avez fini ?
-Oui c’est bon, on peut monter.
-Très bien, alors allons-y. »
Ils montèrent jusqu’à la chambre 217 qu’avait loué monsieur et madame Worth… Brass suivait les CSI. Il leur fit part de ses premières idées sur la question :
« Il ne vous paraît pas suspect vous le mari ? »
Sara regarda Brass et lui fit un sourire. Elle ne put s’empêcher de répondre :
« Vous n’espérez tout de même pas que Grissom ait une idée déjà toute faite sur la question ?
-Non. » Avoua Brass en souriant à son tour, amusé par la remarque de sa collègue. « Non je voulais juste vous signaler que j’ai vérifié pendant combien de temps ils occuperaient la chambre… et je me suis aperçu que le mari n’avait réservé sa chambre que pour une nuit. Soit il est avare, soit il avait autre chose en tête… Moi quand je me déplaçais quelque part avec ma femme, on louait une chambre d’hôtel pour plusieurs jours…
-N’oubliez pas que le mari est musicien, il est peut-être en tournée et s’en va peut-être demain pour jouer ailleurs. »